
Révolution(s) hexagonale(s)?
Depuis quelques années déjà, la brasserie artisanale française connait un essor sans précédent. L’hexagone serait-il en passe de se forger une identité brassicole propre?
Nous sommes le 18 juillet 2022. Je suis attablé pour la deuxième fois chez Underdogs à Rouen et je déguste un imperial stout de la brasserie Pophin. Le lendemain, j’arrive dans une maison de vacances dont la verrerie et quelques détails m’indiquent que je suis chez les organisateurs de la Saint-Malo Craft Beer Expo. Cette semaine-là, je bois une bière de la célèbre brasserie De Ranke aux Oiseaux de passage à Dinan. Je ne suis pas à la maison, et pourtant. C’est à cet instant que je me rends compte qu’il n’y a plus aucun doute : la bière de qualité est bel et bien revenue en France. Et pour de bon.
Contreforts régionaux d’une révolution nationale?
La France ne possède pas de tradition brassicole nationale. C’est à tout le moins ce qu’on apprend dans les livres sur le sujet. Mais peut-être que ce constat est en passe d’appartenir au passé? Il est clair que le pays n’est pas réputé pour la diversité des styles proprement français. Comme dans de nombreuses zones de consommation de bière, y dominent des styles pluriels, principalement industriels et étrangers. Toutefois, ses productions régionales sont loin d’être anecdotiques. Par-delà les styles, la pénétration de savoir-faire régionaux a récemment retenu l’attention des spécialistes du monde entier.
Car il existe, en France, des territoires indissociablement liés à la bière.
C’est le cas du nord de la France, offrant une superbe tradition brassicole qui se cristallise dans la bière de garde. Jenlain, Page 24, la Choulette… Quoique parfois assimilée ou comparée à la saison wallonne, notamment parce que géographiquement proche, elle s’en distingue par un identité plus maltée, une plus faible amertume et un profil fermentaire plus discret.
Or, la bière de gardeest un style bien distinctif dont la belle tradition perdure aujourd’hui. La brasserie Paysanne de l’Artois1 propose une large gamme de bières de garde biologiques, parmi lesquelles Point du Jour fait partie des plus intéressantes expressions du style qu’il m’ait été donné de gouter. Par ailleurs, et la chose est assez rare pour être soulignée : la Paysanne de l’Artois est aussi une ferme et une malterie. Voilà bien un projet dont la qualité se déguste dans le verre. C’est un produit qui met en valeur l’une des forces du territoire français: un agriculture céréalière particulièrement productive dans le Nord, tout comme d’autres régions (Champagne-Ardenne, Bourgogne, Beauce, Gatinais, Poitou-Charente)2.
L’Alsace est un autre territoire riche en cultures, houblonnières cette fois. Le pays des cigognes offre une autre fenêtre sur le monde de la bière étrangère. Partageant une frontière avec le voisin teuton. Historiquement, elle s’inspire des techniques de fermentation basse et de la richesse d’une tradition brassicole de taille.
Enfin, la Bretagne constitue également une région brassicole vivace. A Morlaix, c’est en 1985 que Coreff nait en France et fonde la première brasserie artisanale bretonne, et probablement l’une des premières brasseries artisanales modernes de l’hexagone3. Coreff reste, à l’heure d’aujourd’hui, emblématique de par son indépendance et son implication dans sa région. La Bretagne représente, elle aussi, un pont vers les traditions étrangères. Chez Coreff, c’est de la tradition britannique que jaillit l’élan d’inspiration initiale.

D’évolution à révolution, une tradition en gestation? Sainte-Cru et Aérofab
S’il ne jouit pas d’une tradition brassicole nationale unique a priori, le territoire français peut compter sur des productions régionales bien ancrées et des matières premières de qualité cultivées sur d’importantes surfaces. Mais la France est aussi un espace de convergence des cultures brassicoles étrangères. Anglophone, à l’ouest et allemande, à l’est.
Historiquement, il ne s’y est jamais imposée une quelconque histoire nationale. Il y a quelques dizaines d’années, les brasseries émergentes étaient encore localisées et marginales. Mais il y a sept ou huit ans, quelque chose se passe dans l’hexagone…
Fin 2012, le nombre de brasseries en France approche le demi-millier. Treize ans plus tard, le Projet Amertume recensait 2586 brasseries sur le territoire4.
Et c’est entre 2016 et 2020 qu’on assiste à un véritable basculement. Des brasseries proposant des produits très qualitatifs émergent : Hoppy Road (2016), Popihn (2017), Aérofab (2018), Prizm (2020)… Parmi ces nouveaux venus, une tendance claire se dégage : l’américanisation des styles brassés.
C’est en effet sous l’impulsion du mouvement craft américain que naissent des précurseurs comme la Brasserie des Garrigues qui voit le jour en 2007 à Sommières, en terre Occitane, là où le soleil cogne. En cette année, une petite vingtaine de projets éclosent en France.

C’est aussi à ce moment qu’un rêve punk s’éveille à Colmar, avec la brasserie Sainte-Cru qui prend concrètement racine en 2012, largement influencée par les styles américains5. Au-delà d’une identité marquée et sans compromis, une qualité élevée de produits et une passion profonde pour la bière, Sainte-Cru a su depuis le départ s’ancrer dans le local en se taillant une renommée en France et à l’étranger. Ce rêve punk a pu évoluer avec son temps et proposer une gamme sans cesse renouvelée de styles modernes. Passant de la bouteille à la canette, avec une gamme permanente de seize références, Vivien et sa team sont aujourd’hui la preuve qu’une brasserie française peut se pérenniser dans le temps et conquérir à la fois le marché local et européen.
Or, Sainte-Cru représente à mes yeux l’éveil de l’indépendance brassicole française. Et cette indépendance, la brasserie de Colmar l’incarne à ce point qu’elle lança, il y a quelques mois, une bière collaborative avec la non moins géniale brasserie Cambier, dont les locaux furent ravagés par un incendie il y a un an. Et il y en eu, des collaborations Cambriennes ! Une autre que le réseau d’une tradition fermente dans le milieu français du qualizythos.

Cette solidarité hexagonale, je l’ai vu briller en de nombreux endroits. A Sautron (Nantes), chez AERoFAB, les recettes se partagent comme les idées et on réserve un fermenteur pour les projets amateurs6. Ces brasseurs de vent sont bien plus concrets qu’ils ne veulent bien l’admettre : l’accueil y est houblonné et chaleureux, on brasse de somptueuses IPA, des bières acides survitaminées et des stouts plus impériaux que Catherine II de Russie.


Leur installation est avant tout le fruit de leurs idées d’ingénieurs. L’équipe d’Aérofab, aujourd’hui composée de treize personnes, offre aux assoiffées nantaises les plus belles raisons d’aller se perdre à Sautron : une taproom magnifique, des ateliers de brassage et de distillation, une gamme en permanente évolution et, depuis peu, un chai.
A Nantes aussi, l’appel du bois a eut lieu, comme une sorte de retour aux sources de l’artisanat français.
Traditions embarriquées… Hoppy Road et La Malpolon

L’ouverture américaine, Hoppy Road a su la dompter aussi. Les occupants du 25 avenue de la Meurthe proposent aujourd’hui une gamme d’une richesse et d’une qualité rares : IPA, berliner weisse, pastry sours, saisons aromatisées, stouts, oud bruin, bières barriquées…
Lorsque je visite Hoppy Road il y a quelques mois c’est Charles, co-fondateur de la brasserie, qui m’accueille bras ouverts. Au gré de la discussion, j’observe les lieux, la concentration de l’équipe est palpable. C’est un projet dense, joyeux, complet.
En s’écartant parfois de leur route houblonnée, les Nancéiens ont pu trouver une juste place dans le marché artisanal français en proposant une qualité vertigineuse pour toutes et tous. Patiemment, et avec beaucoup de rigueur, Hoppy Road s’est ainsi imposée, en France et à l’étranger, comme une référence de la scène hexagonale. Il y a quelques années déjà, les premières barriques furent remplies de promesses liquides sous l’oeil attentif d’Adrien, brasseur et maitre de chai.
Au cours de sa formation d’ingénieur à Polytech Angers, Adrien se spécialise en biotechnologie. Il réalise un stage dans le monde du vin, où son intérêt pour la fermentation prend vie. A son arrivée à Hoppy Road, il entame un programme de fermentations mixtes avec Shmoutz, bière de fermentation mixte élevée en foudre, « née de la rencontre entre la bière craft et le vin nature »7.
Aujourd’hui, on se laisse hypnotiser par ces saveurs complexes, issues de l’ouvrage du temps. En silence et patiamment, les Nancéiens convoquent le savoir-faire français du barriquage, avec une remarquable humilité.

Cette humilité, j’ai pu aussi la retrouver à coté de Montpelier, à Lavérune. Rémy, Nicolas et toute l’équipe de La Malpolon y barriquent une constallation de bières sublimes et métissées. Outre une belle proposition de grisettes, de saisons, d’IPA et de bières de garde, on y trouve une myriade de bières barriquées de grande qualité. A La Malpolon, le soleil frappe aussi fort que la passion. A la guinguette, Rémy y parle avec passion de bitter anglaise et loue volontiers les louanges de la fermentation spontanée bruxelloise. Il y a tellement de passion et d’intensité à Lavérune que j’y ai trouvé, là aussi, une autre raison de croire en l’installation durable d’une tradition brassicole française. A l’Université de Bourgogne, il existe un master en procédés fermentaires alliant les mondes parents du vin et de la bière8. Avant de brasser à la Malpolon, Nicolas y fait ses armes et délivre aujourd’hui – avec Rémi et leur équipe – parmi les plus belles bières de fermentation mixtes de France.
A Nancy comme à Lavérune, je comprends définitivement que la France regorge d’une ressource invisible : un savoir-faire ancien, gravé dans les interstices ligneuses des barriques. Le savoir-faire de l’embarriquage.

Les territoires du gout
Vu du plat pays, il n’y a pas une mais des Frances. Le territoire hexagonal est si vaste qu’on s’y perdrait volontiers. Il en va de même à table. La gastronomie française est le miroir domestique de sa géographie: une étendue de richesses à explorer qui, d’histoire et de savoir-faire, permet tous les élans d’imagination pour qui sait chercher avec curiosité.
Dans le monde brassicole, la France a toujours joué un rôle clé, notamment sur le plan de la production des matières premières. Premier producteur européen d’orges brassicoles, la malterie française représente 30% de la production mondiale de malt, avec « 80% du malt produit en France […] destiné à l’export dans plus de 110 pays ».9
Il est donc étonnant que la France soit historiquement demeurée un territoire d’export sans forger de réelle tradition brassicole. La place du vin y a probablement contribué. Toutefois, cette assertion est à nuancer car, si la bière demeure un pays de vin, elle n’est sans doute pas considérée comme pays de bière qu’en raison de l’absence de styles nationaux établis. Car si on dépasse aujourd’hui les 2500 brasseries françaises, il est généralement considéré que les années 1900 marquent l’apogée historique de la bière en France10 avec pas moins de 720 brasseries actives au sortir de la deuxième guerre mondiale11. Chiffre intéressant par ailleurs, la consommation moyenne en France est revenue à sa valeur de 1936 d’environ 30 litres par habitant, concurrençant depuis peu la consommation de vin12. Malgré une consommation d’alcool globalement en déclin, la bière est la seule catégorie de boissons alcoolisée dont la consommation croit depuis 201013. Mais à l’instar de nombreux secteurs, le monde brassicole français n’est pas épargné par une conjoncture économique difficile14.
Néanmoins, bien plus que les chiffres de consommation du grand nombre, ce sont bien les recoins qui regorgent d’intérêt dans l’hexagone. On y trouve certes d’excellentes productions d’orge et de houblon, mais les territoires français offrent de nombreux trésors pour les brasseries qui se soucient de la qualité de leur produit. En Bretagne, j’ai bu des stouts iodés, conçus avec du goémon, ce mélange d’algues conférant à ces bières une dimension végétale subtile et saline que je n’avais jamais bu ailleurs. Dans le sud, où les feuilles de figuier abondent, j’ai bu des bières splendides, qui rivalisaient avec les superbes fermentations mixtes, parfois augmentées de macérations d’abricots ou de raisins, maturant sur marcs de raisins. Et partout où l’on va, on peut trouver des joyaux d’artisanats issus d’une fusion de connaissances, entre vins et produits fermentés, l’innovation n’a plus vraiment de limite aujourd’hui.
La France est une vaste carte gustative qui promet et promettra de grands élans de créativité. Car si la liberté est une valeur de la république, elle s’exprime aussi à table !

Les Mariannes de la bière
Dans cette ébullition hexagonale, de nombreuses figures émergent sur les devant de la scène. Ces personnes évoluent dans les brasseries, les concours ou les restaurants, marquant l’histoire de la bière française contemporaine. Il y en a beaucoup, et les réseaux sociaux font parfois parler celles et ceux qui savent les utiliser.
Mais il est des personnalités qui parlent du breuvage avec cœur et pédagogie, portant avec elles l’humilité de la transmission pour que toutes et tous puissent accéder à de bons produits en connaissance de cause.
Ce sont elles que j’appelle les Mariannes de la bière, les zythologues françaises. Arbitrairement, mais parce qu’elles professent avec acharnement, rigueur et passion, j’ai choisi ces trois femmes qui, en France, publient et éduquent à la bière avec brio.
Elisabeth Pierre a récemment publié le Grand Dictionnaire de la Bière et est l’autrice de nombreux ouvrages. Il y a quelques années, cette Marianne du Zythos lance le magazine Mordu dédié aux choses de la table, à l’artisanat et à la bière.
Voilà plus de trente ans qu’Elisabeth Pierre fait rayonner la zythologie dans l’hexagone, aux cotés de nouvelles venues comme Marie-Emmanuelle Berdah qui lance il y à trois ans Craftology dans la belle ville de Nantes. Co-fondatrice de l’association Buveuses de bière, elle sillonne France et Europe pour y donner formations et conférences ou participer à des concours en tant que juge, comme récemment, au Brussels Beer Challenge.
Roxane Fourgous a fondé Bières et Fromages en 2021. Cette aventurière sucré-salée est l’autrice d’un blog particulièrement foisonnant sur les appariements bière et fromages. Un sujet aussi dense que complexe dont Roxane parvient à transmettre la passion qui l’anime dès l’entame des premières lignes.
Ce qui me fascine dans cette France brassicole moderne, c’est la diversité des personnalité, des styles, des approches et des savoir-faire sublimés. Il y a, en certains recoins du territoire, une absence totale de revendication nationale, là où par endroit, l’on sent un certain élan de fierté bien légitime. Mais où va cette France de la bière? Toutes ces petites révolutions du goûts commencent-elles a briller suffisamment fort pour allumer le grand brasier d’une nouvelle tradition brassicole?
Converger vers les marges
Peut-on aujourd’hui parler de révolutions plurielles en France? Le singulier sera peut-être de mise dans un avenir proche. Car les piliers d’une tradition naissante semblent se consolider actuellement.
Sur la route de l’écriture de ces lignes, j’ai pourtant croisé de nombreuses personnes qui ne semblaient pas distinguer une telle unité dans l’hexagone. J’ai pour ma part la conviction que s’y installeront, demain ou après-demain, les fondations durables d’une vraie tradition brassicole à la française. Loin des grands groupes industriels, proches des petits productions artisanales, proche des gens.
C’est d’abord, je crois, de par la confirmation de l’indépendance et d’une solidarité brassicole françaises qui s’affirment, notamment par le biais du secteur associatif et de l’entraide entre brasseries. Mais aussi parce les marges deviennent aujourd’hui solides et incontournables (en France et à l’étranger). Ces personnalités, ces projets, ces expressions du gout sont nombreuses et constantes dans leur approche. La population semble d’ailleurs y être sensible.
Ensuite, les territoires riches de matières premières de qualité sont depuis longtemps largement sollicités en France et ailleurs. La richesse, la connaissance et la maitrise de ces territoires mais aussi la conscience des enjeux d’une production plus européenne renforcent cet aspect d’une France brassicole plus solide qu’auparavant. Ce pilier se marque également par la consolidation de styles existants au développement styles émergents: de la bière de garde à la French IPA.
Enfin, des savoir-faires séculaires tels que l’embarriquage, la macération de fruits ou les techniques de fermentation offrent à cette France de la bière une vibrante identité qui, aujourd’hui, clame sa présence sur la scène internationale.
Tom de Zythopia
- Ce projet est le fruit du travail acharné de Mathieu Glorian et François Théry. (http://bierepaysanne.fr/) ↩︎
- Brasseurs de France, « De l’épi au demi », 2025, en ligne sur : https://brasseurs-de-france.com/tout-savoir-sur-la-biere/de-lepi-au-demi/. ↩︎
- Coreff, La Brasserie. L’épopée Coreff en 5 dates, 2025. En ligne : https://brasserie-coreff.com/brasserie-coreff/la-grande-epopee/; E. Pierre, Le Guide Hachette des Bières, 2014, Hachette°, p. 22. ↩︎
- http://projet.amertume.free.fr/bbf.htm ↩︎
- Sirotons Le Houblon, Rencontre avec : Sainte Cru, Podcast, Saison 4, ep. 9, en ligne sur: https://www.podcastics.com/podcast/episode/rencontre-avec-sainte-cru-226872/?s=2 ↩︎
- Sirotons le Houblon, Rencontre avec AERoFAB, Podcast, 23 octobre 2022, 41′ 40 » en ligne sur: https://www.podcastics.com/podcast/episode/rencontre-avec-aerofab-146830/ ↩︎
- Master 2 Procédés Fermentaires pour l’agro alimentaire à l’université de Bourgogne https://www.vitabourgogne.com/formation/master-2-procedes-fermentaires-pour-lagro-alimentaire-vin-biere-pfaa-vb/ ↩︎
- Chambre syndicale de la malterie, Les Malteurs français, performants et responsables, 2025, https://malteursdefrance.fr/ ↩︎
- E. Pierre, Le Guide Hachette des Bières, 2014, Hachette°, p. 22 ↩︎
- E. Urion, H. Rouleau, Bière et malt, Presses de la Maison A. Humblot et Cie, Nancy, 1948, p. 192. Rappelons qu’à cette époque, l’acte de brasser est domestique et bien davantage présent dans les foyers ↩︎
- E. Urion, H. Rouleau, Ibid.; INSEE, Les dépenses des ménages en boissons depuis 1960, Statistiques et Etudes, Insee Première, n°1794, 28 février 2020, https://www.insee.fr/fr/statistiques/4319377#graphique-figure5_radio1:~:text=Figure%204%C2%A0%2D%20Consommation%20en%20boissons%20alcoolis%C3%A9es ↩︎
- INSEE, idib. ↩︎
- Brasseurs de France, Bilan 2024: La Brasserie Sous pression, 2 mai 2025, en ligne sur : https://brasseurs-de-france.com/a-la-une/2025/02/05/bilan-2024-la-brasserie-sous-pression/ ↩︎


Laisser un commentaire